Le 30 janvier restera un jour marqué d’une pierre rouge pour les citoyens de Derry en Irlande du Nord.
Deuxième ville la plus peuplée d’Irlande du Nord (environ 105.000 habitants), Derry est connue pour avoir été le centre d’une bataille sanglante, le dimanche 30 janvier 1972. Depuis les années 1960, la ville est le centre d’affrontements entre les Nationalistes, en majorité des catholiques favorables à l’indépendance de l’Irlande du Nord, et les Unionistes, des protestants qui préfèrent voir le pays sous gouvernance britannique.
La ville de Derry est alors divisée en deux, de part et d’autre de la Foyle River. Cette division de la ville s’exprime également dans son nom. Les nationalistes la nommant « Derry », le nom originel de la ville, alors que les unionistes préfèrent utiliser le nom de « Londonderry ».
Une association apolitique, la NICRA (North Ireland Civil Right Association), organise de façon non violente, des marches et des sit-in pour mettre fin à la discrimination des pouvoirs locaux (protestants) envers les catholiques, que ce soit d’un point de vue social, économique ou politique. La NICRA regroupe la classe moyenne catholique de Derry, mais compte également dans ses rangs, quelques protestants libéraux comme Ivan Cooper.
Le matin du dimanche 30 janvier 1972, une marche est organisée par la NICRA. Les catholiques du Bogside, le quartier des classes moyennes, se réunissent et se dirigent vers l’hôtel de ville. Mais les barricades qui entourent le Bogside, gardées par des gardes unionistes, les empêchent de passer. Alors qu’ils avancent pacifiquement, des « paras » (corps d’élites paramilitaires britanniques) tirent sur la foule.
Au final, quatorze manifestants trouvèrent la mort ce jour là, tués par les tirs des « paras » britanniques. Ce jour du 30 janvier 1972 resta marqué dans la mémoire des habitants de Derry comme le « Dimanche Sanglant ». Des fresques sur les murs du quartier du Bogside (où le conflit débuta), sont là pour rappeler ce qu’il s’est passé, mais aussi pour célébrer l’identité catholique de la ville. (voir la galerie photo du Bogside)
Les infos en plus :
– Cet épisode de l’histoire nord-irlandaise est très bien représenté dans le film de Paul Greengrass, sorti en 2002, « Bloody Sunday », qui à la manière d’un reportage, fait revivre cette journée du côté des républicains et des « paras » britanniques.
– Le groupe irlandais U2 a enregistré en 1983, sur l’album « War », ce qui apparaît aujourd’hui comme l’une des chansons emblématiques du groupe : « Sunday Bloody Sunday », Bono mettant des mots sur le conflit, pendant que The Edge écrivait la musique.
– D’autres artistes ont également traité le sujet, par exemple John Lennon qui livra dès 1972, sa propre version du « Sunday Bloody Sunday ».
– Enfin, il ne faut pas confondre le « Bloody Sunday » qui frappa Derry en 1972, du « Dimanche Sanglant » qui se passa le 21 Novembre 1920 à Dublin, pendant la guerre d’indépendance irlandaise. Trente personnes trouvèrent la mort ce jour-là. (lire l’article Le « Dimanche Sanglant » de Croke Park).